Présentation de l'éditeur :
Le mot de l'éditeur
Parce qu'il est unique, son portrait n'est jamais fini...
«Je sens mon coeur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent».
Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.
En cette année 2012, voici le quatrième ouvrage autour de la célébration du tricentenaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau que propose La passe du vent. Si nous avons choisi de relever le défi, engagé en 1997, par les éditions de Paroles d'Aube aujourd'hui disparues, c'est parce que ce livre contient en lui-même toute la richesse de la langue de Rousseau.
Belles promesses, bons mots et réponses affûtées pour un Jean-Jacques, comme toujours, tout en justesse.
Vingt-six écrivains rédigent et imaginent une lettre que Jean-Jacques Rousseau aurait pu recevoir en son temps. Vingt-six correspondances. Multiplication des messages, tous pluriels, face à celui qui fut unique et seul.
Vingt-six tonalités aussi, toutes puisées dans l'oeuvre du philosophe. Vingt-six déclamations, déclarations, interpellations, objections, compliments. Faux courriers mais véritables missives.
□n retrouve en Jean-Jacques, sinon son caractère visionnaire du moins son inclination à l'écoute et à la conversation. Vigilants, les auteurs ayant accepté le pari ont, chacun à sa façon, porté une attention toute particulière au timbre de la voix de Rousseau.
Portant une langue comme à rebours - l'écho ne perd pas en puissance ni la pensée en complexité - tissant correspondance entre hier et aujourd'hui. Dire, redire, raconter. Se dévoiler, parfois. Ou, encore, se confier ! Sensible, Jean-Jacques. Et sincère, Rousseau. Deux adjectifs qui lui conviennent bien. C'est ainsi. Et, en découvrant ces pages, le lecteur pourra deviner un caractère généreux et un penchant pour l'authenticité.
Non, on n'oublie pas Rousseau. Il est de ces auteurs, rares, qui n'indiffèrent jamais et qui, pareillement, demeurent l'objet de toutes les curiosités.
Ce livre est une jolie histoire et il parlera à tous ceux qui entendent au-delà du hic et nunc les voix de ceux qui nous ont précédés.
Carole Bijou & Thierry Renard
Extrait :
Cher Jean-Jacques,
Vous écrire a, pour un romancier, quelque chose de fort naturel, en même temps que de parfaitement paradoxal. Naturel, car nous avons l'habitude, dans nos romans, de nous soucier très peu des lois qui régissent l'espace et le temps. Voyager au bout du monde ne nous coûte pas plus que ce Voyage autour de ma chambre cher à votre voisin de Maistre ; une escapade dans le passé, une virée dans le futur ne nous font pas peur, à nous autres... Alors, vous écrire ! Mais, il faut bien l'avouer, lorsqu'à la fin du Festival nous nous réunissons dans votre jardin, que nous visitons la chambre de Maman, et que nous songeons au romancier que vous étiez, nous nous sentons gênés, un peu comme des candidats pris en faute un jour d'oral. Car vos romans, qui de nous les a lus ? Combien, parmi nous, connaissent de votre Nouvelle Héloïse autre chose que des pages choisies ? Combien ont renoncé à lire votre Émile après qu'un maître indigné leur eut fait découvrir ce que vous y disiez de notre cher La Fontaine ? En est-il un seul, parmi nous, qui ait pratiqué à votre suite le terrible genre du roman didactique ?
Et pourtant, ce n'est pas une erreur si nous nous retrouvons chez vous... Car romancier, vous l'avez été, et des plus grands : dans l'anticipation de La Guerre du feu qui ouvre votre Discours sur l'origine de l'inégalité, peut-être ; mais surtout au moment même où vous croyiez, où vous protestiez, ne pas être romancier : en écrivant vos Confessions. Une expression du préambule, déjà, nous alerte : ces «ornements indifférents» dont vous prétendez user pour pallier les défaillances de votre mémoire. Car nous n'ignorons plus que la mémoire sait ce qu'elle fait ; que ce qu'elle vous refusait, et que vous remplaciez par ces ornements indifférents, était sans doute ce qu'elle avait de bonnes raisons de vous cacher. Au moment même où vous inventiez l'autobiographie, où vous juriez de ne pas nous mentir, où vous vous proposiez d'écrire le contraire du roman, vous ménagiez au romanesque, par le biais de cette expression anodine, la plus belle part. Indifférent, le décolleté de Mlle Galley lors de la journée des cerises ?
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