Flaneries Ottomanes - Couverture souple

Il reste malgré tout, parmi ce chaos de pierres effondrées, quelques vestiges de la grandeur passée, quelques colonnes encore debout, un mur, une porte. Mais la végétation soulève le pavé, les grenades en tombant maculent le marbre de leur pourpre, les ronces envahissent les métopes. L'ensemble est un mélange de la grandeur d'Athènes et des affronts du temps. (...) Très loin, sur le flanc de la montagne, un feu de forêt brûlait parmi la masse sombre des arbres, mais la distance en atténuait la fureur et je ne voyais qu'une majestueuse colonne de fumée blanche qui ne déparait pas ce paysage. Je songeai à toutes les fois où la ville avait été détruite dans le sang et dans le feu, un feu sans commune mesure avec cet incendie de forêt, et me dis que les ruines ont été purgées de leur terreur par l'oeuvre du temps et blanchies par le soleil des siècles pour n'être plus qu'un panache de fumée accroché à un paysage élégiaque.