Ensor - Couverture souple

Il était loin d'être acquis que James Ensor, le célèbre peintre belge de scènes macabres et morbides, devienne un jour une grande figure nationale. James Ensor est un artiste hors norme à bien des égards. Sans compter ses études à Bruxelles, Ensor a passé toute sa longue vie à Ostende qui n'a rien d'un grand centre cosmopolite. Il se retrouve exclu du groupe "Les XX" suite à un tableau particulièrement controversé, L'Entrée du Christ à Bruxelles, peint en 1889.

Expressionniste avant l'heure, Ensor a exploité l'iconographie des masques et des squelettes pour faire ressortir les horreurs existentielles, et a souvent appuyé ses tableaux d'un humour noir grinçant. On a dit de lui qu'il s'était approprié la matière picturale d'un Bosch ou d'un Bruegel en les revisitant avec les techniques de Manet ou de Rubens. Mais ce point de vue restrictif est loin de rendre compte de sa manière unique de concevoir l'art et l'expérience.

Profondément non-conformiste, comme tant d'autres artistes belges (n'oublions surtout pas Magritte), James Ensor mérite bien cette sombre place à part qu'il occupe dans l'histoire de l'art de ces cent dernières années.

Ulrike Becks-Malorny a étudié la peinture libre à Genève et l'histoire de l'art à Bochum, en Allemagne. Depuis l'obtention de son doctorat en 1990, elle travaille comme organisatrice d'expositions et auteur free-lance.